Un village du Sud-Ouest qui ne s’anime qu’avec l’été, un lycée bourgeois et celles et ceux qui le fréquentent, issus de cette génération que l’on dit « Z » pour être nés après la démocratisation d’internet et des réseaux sociaux : tel est le cadre du premier roman de Francesca Serra. C’est sur ces derniers qu’une partie de l’intrigue se passe. IRL (In Real Life, expression commune employée sur internet pour désigner la vie en dehors du web), Garance, une adolescente très belle et donnée favorite pour un concours de mannequin qui aura lieu bientôt, rêve d’intégrer un groupe populaire d’adolescent·e·s. C’est chose faite, un following sur Instagram plus tard et une invitation à une soirée d’Halloween organisée par l’une des filles du groupe.
Commençant comme un teen movie, l’histoire emprunte ensuite les chemins d’autres genres romanesques qui sont autant de fausses pistes, car Garance disparaît de façon inexpliquée et s’ouvre alors une enquête policière, tandis que le roman prend plus tard une tournure initiatique.
Elle a menti pour des ailes peut s’envisager comme une tentative de réécriture du grand roman des millenials : réécriture, car celui-ci est déjà écrit, par eux-mêmes, dispersé sur des milliers de sites et d’applications, et dont l’autrice aurait cherché à condenser les pages en ce livre maîtrisé, subtil, documenté, porteur d’une véritable empathie pour ses personnages et d’un intérêt sincère pour ce qu’ils sont jusque dans leur langue.