Il s’appelait Emmet, mais malgré le « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé (…) », c’est bien sûr de George Floyd dont il s’agit. De Goerge Floyd ou bien d’Emmett Till, dont le lynchage en 1955, dans le Mississippi fut un événement moteur dans la lutte des Afro-Américains pour les droits civiques. À moins qu’il ne s’appelle Emmet, car c’est le mot en hébreux qui signifie « vérité ».
Cette vérité, chacun des protagonistes de ce roman choral croit la détenir sur lui : son ancienne institutrice, son ami d’enfance, sa première petite amie, son entraineur de football, cette ex-matonne devenue pasteur, qui organisât la cérémonie de son enterrement – et jusqu’au policier qui l’a assassiné, pour qui « le décès du Noir » met un terme injuste à sa carrière.
Par cette polyphonie en forme d’oraison funèbre, Louis-Philippe Dalembert redéfinit les contours d’une existence ordinaire, semblable à tant d’autres, qu’une mort horrible aura tiré de l’anonymat, illustrant magistralement le slogan « Black Lives Matter ».