Alors que la France subissait son premier confinement et que la frange la plus favorisée de sa population tendait à vivre l’évènement comme une occasion de se ressourcer, Nesrine Slaoui opéra elle aussi – mais d’une toute autre façon – un retour aux sources. Il s’agissait en effet pour elle de renouer avec son milieu social d’origine, ses attaches familiales, le quartier populaire d’Apt dont elle est issue : porter un regard rétrospectif sur son parcours scolaire et sa carrière de journaliste, et enfin écrire ce livre à mi-chemin entre le roman, le récit et l’essai.
Illégitime, revient ainsi sur la genèse et les raisons de ce sentiment qui ne l’a jamais quittée, alors même qu’elle accomplissait ce qu’on appelle communément une « ascension sociale ». Cette impression de ne pas être à sa place, quand bien même on aurait fait plus d’effort que d’autres pour la mériter – et qui montre avec quelle rigidité l’ordre social les distribue d’entrée de jeu, indépendamment du mérite. Livrant un témoignage important sur la violence systémique que subissent les transfuges de classe, ce dialogue qu’elle aura avec les élèves de deux classes de seconde du Lycée Eugène Delacroix, formées à l’animation de rencontres littéraires par Nathalie Lacroix, sera l'occasion d’un retour d’expérience.