Subjuguée par la beauté d’une sculpture de Rodin lors d’une sortie scolaire au musée, Sabrina a une révélation : elle sera artiste. Depuis le minuscule appartement qu’elle occupe avec sa mère dans une cité calaisienne, coincée entre la solitude, l’alcoolisme et les obsessions de cette dernière, rien ne la destine à ce genre de carrière. Mais elle y parviendra pourtant : à force de persévérance, et ayant fait les bonnes rencontres.
À ce thème du transfuge de classe dont elle tire une fresque romanesque parfaitement maitrisée, Katrina Kalda y ajoute celui de l’éco-anxiété. Dès lors, et à mesure que les évènements climatiques extrêmes se multiplient et laissent présager du chaos à venir, la phrase de Dostoïevski qui sert de mantra à l’héroïne résonne de plus en plus douloureusement. En effet, que peut l’art dans un monde en crise dont l’effondrement semble inéluctable, et est-on bien sûr que « la beauté sauvera le monde » ?