Qui sait de qui « je » est le nom ? Le second roman de Pauline Delabroy-Allard semble vouloir répondre littéralement et littérairement à cette question.
Alors que sa narratrice homonyme fait faire sa première carte d’identité à 30 ans passés, apparaît sur celle-ci une curieuse énigme onomastique : Pauline, Jeanne, Jérôme, Ysé. Trois prénoms à la suite du sien – dont un, mystérieusement masculin, et un autre qui s’avère être celui d’une héroïne de Paul Claudel. Trois prénoms comme autant d’identités tierces incorporées à la sienne, de destinées dont il semble que l’on ait voulu qu’elle hérite, de secret dissimulé dans l’état civil et les non-dits familiaux.
Délaissant l’enquête strictement biographique et factuelle pour mettre au jour ces existences, l’autrice préfère nourrir ses investigations de dérives, de fantasmes et de littérature. Cette généalogie d’adoption devenant, à la lumière tragique d’un « jour blanc », le creuset d’une quête existentielle et d’une méditation résiliente autour de la question du legs symbolique et de la transmission mère-fille.