Taina Tervonen se définit comme « une conteuse d’histoires vraies », et écrit depuis toujours sur la famille, les migrations, les récits de vie. Son précédent livre Les Fossoyeuses suivait deux femmes, une anthropologue judiciaire et une enquêtrice, chargées d’identifier les ossements humains d’anciens charniers de guerre, en Bosnie-Herzégovine, dans le but de les restituer à leur famille.
Avec Les Otages, l’autrice poursuit cette quête du devoir de mémoire et tente d’éclairer les lecteur·ice·s sur les ressorts multiples de l’inconscient colonial français qui agit encore aujourd’hui. Elle part sur les traces du « trésor de Ségou », un butin de guerre composé de bijoux, tissus, objets d’art et d’un sabre, celui d’El Hadj Oumar Tall, volé entre le Sénégal et le Mali par le colonel français Archinard, à la fin du 19e siècle. Mais ce trésor cache aussi une dimension humaine : l’enlèvement du petit-fils d’El Hadj, Abdoulaye.
Richement documenté, ce récit-enquête montre à la fois la nécessité et la complexité de restituer, mais aussi de réparer l’Histoire. Pour cette rencontre, Taina Tervonen sera accompagnée de Zoul Iscandar, membre de l’association Alter Natives impliqué dans le processus de restitution des objets acquis en contexte colonial.