Avant de se consacrer, avec le succès que l’on sait, à l’écriture de romans noirs et de scénarios, Tonino Benacquista a été cet enfant d’une immigration italienne subie. En adoptant pour la première fois une forme autobiographique, c’est cette histoire-là que, la soixantaine venue, ce « fabricant de fiction » décide de raconter sous le titre de Porca miseria : un juron que l’on pourrait traduire par « chienne de vie » – unique héritage culturel laissé par ses parents broyés par l’exil. Autant dire bien peu, quand « même un proverbe napolitain aurait fait l’affaire »…
L’auteur place donc la conquête de la langue française au centre de son récit. Ce « cancre absolu et confirmé », détestant l'école, ayant décidé de l’affronter d’abord sur le terrain de l’écriture avant celui de la lecture, par esprit de revanche car « écrire, c’est se venger ». Se venger du réel, sur lequel on peut reprendre la main, et ainsi lui trouver un sens.
La rencontre est animée par Sonia Déchamps, journaliste