Dans cet essai écrit en philosophe autant qu’en romancière, Hélène Frappat retrace l’histoire culturelle de cet outil de domination qu’est le gaslighting.
Si l’origine de ce concept est connue, de son emprunt au titre du film de George Cukor – dépeignant une relation conjugale abusive où l’homme manipule son épouse en lui faisant douter de sa raison – à sa postérité dans le domaine de la psychologie, il est ici incarné par de grandes figures complexifiant sa généalogie, de l’Alice de Lewis Caroll à Cassandre en passant par Antigone.
Opérant ainsi un changement d’échelle entre la question de la violence dans le cadre intime, son inscription dans l’histoire et l’expérience collective des femmes, puis dans le champ plus large de l’analyse du langage politique, cette enquête sur cette notion polymorphe se présente comme un principe d’élucidation de l’époque que nous vivons actuellement, éclairant la façon dont cette forme d’abus mental pervertit la notion même de réalité en inversant les rôles entre coupables et victimes.