Dans le climat de psychose collective ayant suivi les attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo, une jeune professeure de philosophie d’origine marocaine, accusée à tort d’apologie du terrorisme par un parent d’élève, est mise à pied.
Inspiré de l’histoire réelle de l’autrice, L’Accusation raconte cet électrochoc et ce dessillement identitaire. Renvoyé très violemment à son altérité culturelle perçue comme menaçante, son personnage, fille de la méritocratie républicaine, prend conscience pour la première fois de cette part d’elle-même dont son processus d’intégration sociale exigeait qu’elle se dépossède.
Faisant l’expérience traumatisante du rejet d’une société à laquelle elle croyait appartenir, confrontée à la lâcheté de son entourage, de ses collègues et de sa hiérarchie, elle renoue avec ses racines, son histoire et sa communauté d’origine auprès de qui elle cherche des réponses : une galerie de personnages aux identités complexes, derrière la trajectoire desquels se dessine tout un système de rapports de force marqué par un racisme endémique. Microcosme de cette société fracturée : la salle de classe – ce qui donne l’occasion à Aïcha Béchir d’écrire un beau livre sur les véritables missions civiques de l’Éducation nationale.