Chacune à leur manière, Olivia Elkaim et Yamina Benahmed Daho explorent, dans les histoires familiales, les parts d’ombre portées et les trous dans les récits : la présence écrasante des absents, l’air en sourdine des pays que l’on a quittés, les langues non transmises, les promesses d’avenir ressassées au passé.
Depuis une enfance vendéenne au cœur d’un lotissement des années 1980 hanté par les souvenirs d’un père harki, ou par la volonté de redonner corps à la silhouette grattée sur les photos de l’ancêtre indigne dont on a renoncé à la succession, les deux autrices font se rencontrer l’intime et le politique, dans la douleur, mais aussi la joie et la liberté. Car explorer les conséquences individuelles de l’histoire commune, lorsque les trajectoires individuelles ont été percutées par la guerre, la décolonisation et l'exil, c’est toujours une façon de solder le passé sans hypothéquer l’avenir.