Naufragé symbolique, submergé par l’indifférence fracassante ayant suivi la publication de son grand œuvre, un dessinateur de bande dessinée quinquagénaire vient se réfugier dans une petite maison qu’il possède sur une île. Accédant ainsi au rang de « talent local », le maire lui met très vite le grappin dessus pour l’associer à ses ambitions de faire du village un pôle d’attractivité culturelle, et lui confier une commande publique monumentale :  concevoir et réaliser pour la salle des fêtes une quadruple fresque à la gloire de l'Île.

En quête de sujets à peindre en majesté, notre muraliste municipal part donc à la rencontre des résidents et résidentes à l’année, que l’auteur s’amuse à incarner comme un condensé des personnages mythiques de la littérature insulaire. Sous leurs figures contemporaines pointent alors les traits du « monstre », du « sauvage », du « savant fou » – sans compter la présence mystérieuse d’une actrice célébrissime vivant recluse dans sa propriété, d’un trésor pirate enfoui qui refait surface, ou d’un magnifique gisement de coprolithes humains vieux de soixante-dix mille ans.

Avec une verve comique réjouissante et une mélancolie d’une égale ferveur, Daniel Fohr nous entraîne de la satire des politiques culturelles à des réflexions pleines de troubles et de vertiges sur l’identité, l’altérité et l’isolement.