Ariel A. Winthrop, vous l’avez forcément vu et revu. C’est lui qui reçoit une gifle de Gena Rowlands dans Gloria de John Cassavetes, qui choisit un vinyle dans Taxi Driver de Martin Scorsese, qui éteint une cigarette dans Dirty Dancing d’Émile Ardolino, qui boit au goulot dans Little Big Man d’Arthur Penn : 117 figurations au total de sept secondes maximum, soigneusement listées par le narrateur de Star, le dernier roman de Guillaume Poix.
Ce répertoire de gestes, ce catalogue de film, son personnage de comédien empêtré, timide et mal à l’aise en fera un véritable bréviaire. Le fondement d’un art poétique, les préceptes d’une éthique de vie : apparaître, pour disparaître immédiatement. À ce régime-là, savoir si Ariel A. Winthrop a bel et bien existé n’est plus qu’un détail…
Pour présenter cette séance de projection d’Opening Night de John Cassavetes, Guillaume Poix fera de ce narrateur hagiographe son alter ego – mettant en exergue le mystère et le magnétisme d’un film hanté par la fascination obsessionnelle qu’inspirent les stars de cinéma à leurs admirateur·ices.