Entre deux livres, Valérie Zenatti prend son temps. Comme Mathilde, son personnage, elle est sur le qui-vive, à l’écoute des bruits, des paroles, hypersensible au monde qui l’entoure. Cinq ans après Dans le faisceau des vivants, elle revient au roman et à Israël comme territoire de fiction.
Compagne et mère heureuse, professeure d’histoire-géographie, la narratrice Mathilde ne se remet pas d’un cycle de catastrophes entamé avec l’élection de Donald Trump et la mort presque simultanée du chanteur Leonard Cohen. Alors que ses sens sont aiguisés à l’extrême, elle perd soudain le toucher, quand d’autres, frappés par le Covid, ont perdu l’odorat. Laissant momentanément son compagnon et sa fille adolescente, elle s’envole vers Israël.
De Tel-Aviv à Jérusalem, en passant par la frontière syrienne, Valérie Zenatti cartographie l’itinéraire erratique de Mathilde dans un pays où les déchirures internes rencontrent ses propres questionnements. À commencer par sa foi en l’Histoire et en la transmission, malmenée par une terrible reconstitution d’Auschwitz en 3D proposée aux touristes de Jérusalem. Un roman placé sous le signe de Jankélévitch et Kafka, où le vent de la liberté voisine avec le pressentiment d’une catastrophe imminente.