La « Petite sale », c’est Catherine. Elle est toujours propre sur elle, mais elle est pauvre, donc sale. Catherine travaille dans l’ombre, dans l’exploitation agricole de Monsieur. Elle se fait petite, discrète, personne ne doit la voir, mais elle fait partie des personnes invisibles grâce auxquelles la ferme tourne.
À l’autre bout du spectre, Monsieur est riche et tyrannique. Il ne sait pas se faire discret, ne sait pas parler non plus : il tonne. Monsieur possède tout. Il emploie, de près ou de loin, tout le village. On est en février 1969 lorsque sa petite fille disparaît et que la demande de rançon tombe. Deux policiers parisiens débarquent alors dans cette vallée boueuse de champs de betteraves pour enquêter sur l’affaire. Plus personne ne parle. Le village au complet s’englue dans le silence et les non-dits, mais Catherine va devoir sortir de son mutisme : elle est la dernière à avoir vu l’enfant.
Avec Petite Sale, Louise Mey reconstitue un microcosme révélateur des rapports de domination de classe et de genre au sein de ce village du Nord qui vient se fracasser contre le mur de la modernité et du changement post-mai 68.