Premier récit d'Adèle Yon, Mon vrai nom est Elisabeth est celui d’une enquête reconstituant par bribes d'entretiens et d'archives, l'histoire fantomatique et familiale de son arrière-grand-mère Elisabeth, surnommée Betsy. C'est aussi et avant tout le sujet de sa thèse qui, à partir de l’examen du motif cinématographique du « double féminin fantôme » hérité de Jane Eyre et de Rebecca - roman de Daphné du Maurier adapté au cinéma par Alfred Hitchcock en 1940 -, va lui permettre durant quatre années de recherche d'esquisser son portrait pour rompre le silence qui entoure sa maladie. Car "Betsy" est diagnostiquée schizophrène dans les années 1950, lobotomisée puis internée pendant dix-sept ans à l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais. Mais que reste-t-il de celle qui "était un non-sujet" et de ses souvenirs ?
D'une quête intime pour comprendre ce qu’Elisabeth a vécu tout en souhaitant déconstruire l’influence qu’elle exerçait sur elle, Adèle Yon déploie dans son ouvrage, par l'usage de sa propre voix, une constellation d'histoires dans lesquelles résonnent le poids de l’hérédité, les violences faites aux femmes, certaines pratiques de la psychiatrie du XXe siècle, et le portrait d’une famille renfermant son lot de secrets.
Il n'y a donc pas de hasard si la librairie De Beaux lendemains s’associe au Cin’Hoche pour proposer une carte blanche cinématographique et littéraire à l’autrice. En amont de la séance, elle présentera le premier film américain d'Alfred Hitchcock, Rebecca : l'histoire raconte l'emprise du souvenir qu'exerce la femme de M. de Winter décédée un an plus tôt sur celui-ci, sur sa nouvelle épouse et sur leur gouvernante, entre les murs du château familial qui semble désormais hanté.