Entre la trajectoire d’Andrée, dans Sans nouvelles depuis Drancy, confrontée à l’enfer de la déportation, et la fresque chorale à deux voix de La Muette – où s’entrecroisent Elsa, déportée en 1943, et Nour, adolescent d’aujourd’hui –, la ville de Drancy apparaît comme un personnage à part entière. Dans le premier livre, son nom cristalise la détresse d’une femme qui s’accroche à l’espoir fou de retrouver les siens ; dans l’autre, elle abrite ce lieu qui a été conçu comme un fleuron du logement social pour devenir camp d’internement à la Seconde guerre mondiale, et dont l’histoire résonne encore aujourd’hui.
Dans ces deux romans, l’Occupation, la Shoah et leurs répercussions humaines se déploient sans concession, rappelant qu’un passé n’est jamais clos. Rassembler ces auteurs, c’est sonder la mémoire au prisme du récit : comment relater, à travers douleur et résilience, des trajectoires individuelles marquées par un héritage collectif ?