Le meurtre d’une adolescente va bouleverser le quotidien d’une petite bourgade américaine faussement tranquille. À la lecture des Âmes féroces, qui succède au superbe Blizzard, il faut à plusieurs reprises se pincer pour y croire : non, il ne s’agit pas d’un roman américain mais bien d’un roman français, écrit par une juriste rennaise officiant sous pseudonyme. N’allez pas pour autant croire qu’il s’agisse d’un exercice de style : ce roman choral, se situant quelque part entre l’atmosphère des films des frères Coen et ceux de David Lynch, débute comme un polar pour se transformer insensiblement en une splendide méditation sur les tréfonds de l’âme humaine.
Capable de faire dialoguer les codes du polar et ceux du roman psychologique, l’autrice fait se succéder avec maestria quatre monologues le temps de quatre saisons, changeant de point de vue pour dévoiler sur ce rythme quaternaire toutes les facettes d’un meurtre sordide. Nous immergeant dans les pensées ambivalentes des personnages, ces voix se répondent et s’entrelacent, dévoilant peu à peu les zones d’ombre de cette petite communauté et les secrets enfouis qui gravitent autour du drame.