Revenue habiter les lieux de son enfance dans un hameau situé en terres bretonnes après des années d'absence, Juliette Rousseau tire de ce choix de vie un récit charnel et une réflexion intime sur ce que signifie "appartenir" à un territoire, une histoire. Péquenaude, titre du livre dont le terme péjoratif est employé pour décrire le stéréotype du campagnard, ici volontairement féminisée par l'autrice, est composé de chapitres courts qui filent au rythme des saisons, sentant parfois bon l'humus, la paille, mais aussi le lisier et le gasoil.
Aux chants des coucous et des hulottes, se mêlent les bruits des tractopelles et de l'autoroute dans des textes poétiques incisifs et tendres à la fois : il est ici question de ce que le remembrement, l'agro-industrie et la modernité ont fait aux paysages et aux ruralités, mais aussi aux corps qui les peuplent.
Là où les violences sexistes, de classe et environnementales perdurent et contre lesquelles elle lutte, l'autrice fait advenir de cette dualité “honte-fierté” d’appartenance dominante dans nos campagnes, un désir de transmission, de préservation de la langue et de nos héritages, pour se relever de ses blessures et ne pas oublier, puis naître à nouveau, comme au printemps.
"Se revenir, finalement, ce n'est qu'une histoire de liens : défaire ceux qui nous entravent, renouer ceux qui nous furent arrachés. Voilà, j'apprends à détricoter, retricoter. Encore une affaire de femme."
Au cours de cette rencontre, des usager·es de la bibliothèque mettront en voix des extraits du texte de Juliette Rousseau.