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sur le site Hello Asso de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis
Dans Coyote, Sylvain Prudhomme relate son périple en auto-stop le long de la frontière américano-mexicaine, de Tijuana à Matamoros, sur une distance de 2 500 kilomètres. Ce voyage, initialement entrepris pour un reportage commandé par la défunte revue America, s’est transformé en une exploration littéraire des paysages, des voix et des existences rencontrées sur cette ligne de front et de fracture politique.
Au fil des routes désertiques et des paysages imposants, il se laisse guider par les conducteurs – en écrasante majorité d’origine mexicaine – qui acceptent de l’embarquer. À travers leurs récits, il dresse une mosaïque de vies marquées par la précarité, l’espoir, la solidarité et la confrontation à un système d’oppression matérialisé par le mur de Trump et la surveillance constante des patrouilles frontalières.
Le titre, Coyote, évoque à la fois l’animal emblématique des étendues nord-américaines et le surnom des passeurs clandestins qui aident les migrants à traverser la frontière. Cette dualité reflète l’essence du livre : un mélange de symbolisme et de réalisme brut, de rencontres furtives et de portraits marquants. Sylvain Prudhomme s’efface en tant qu’auteur derrière ses interlocuteurs, retranscrivant leurs paroles au mot près, avec un dépouillement qui sublime l’apparente banalité des échanges et donne à ces derniers la profondeur du vers libre.
Plus qu’un reportage, Coyote est une réflexion sur les frontières – géographiques, économiques et humaines – et sur la porosité entre les mondes qu’elles séparent. Ce verbatim littéraire, ponctué de références cinématographiques et culturelles, capture l’immensité du désert et la vitalité des récits individuels, tout en interrogeant le rôle de la littérature face à la complexité du réel et aux destins tragiques des personnes à la liberté desquelles on oppose des murs. Ciselé par la guitare électrique de Seb Martel et à l’heure où la politique américaine le remet tristement d’actualité, ce texte résonnera tout particulièrement en ouverture d’un festival qui se veut – et plus que jamais – « hors limites ».