« Boza », c’est ce mot qui dans plusieurs dialectes de l’Afrique de l’Ouest signifie « victoire », et c’est le cri de joie de celles et ceux qui réussissent à se faufiler à travers les meurtrières de la « forteresse Europe ». Boza !, le livre, c’est un monde aux portes du nôtre, mais sur lequel la porte est refermée de l’intérieur.

Un univers parallèle où des centaines d’hommes se rassemblent des mois entiers dans « La Forêt », aux frontières des enclaves espagnoles du Maroc défendues par un « Monstre-à-Trois-Têtes ». Une triple clôture de sept mètres, grillagée et barbelée, avec postes de surveillance et miradors : les Forces auxiliaires marocaines d’un côté et la Guardia Civil espagnole de l’autre. Lors de certains assauts, ils peuvent être jusqu’à des milliers à tenter de franchir en même temps la frontière, escaladant les clôtures sous les coups de matraque, les jets de pierres, de gaz lacrymogène et les tirs de balles en caoutchouc. Certains y trouvent la mort, mais d’autres arrivent à passer. Ils sont parfois dix, vingt ou plusieurs centaines.

Porté par cette rage de réussir, cette ascension épique et ces rêves de conquête, le récit d’Ulrich Cabrel prend ainsi les accents d’un roman d’aventures aux mille péripéties et rebondissement, entraînant un plaisir de lecture que l’on aurait presque honte d’éprouver, au vu de la tragédie dont il témoigne…