Pauline veut retrouver son prénom d’origine : Polina, le russe, celui de sa grand-mère. Née à Moscou, elle arrive en France à 4 ans et, pour répondre à l’injonction de l’intégration à tout prix, son prénom est francisé. À 24 ans, elle vit à Montreuil et entame une procédure judiciaire au tribunal de Bobigny pour récupérer son prénom. Le roman s’ouvre sur l’audience et l’argumentation de la procureure opposée à ce changement.
Si le roman est le récit de cette procédure (gagnée !), sa grande réussite tient dans le récit de l’enfance vécue entre deux langues, tant l’auteure parvient à retranscrire à hauteur de l’enfant qu’elle était ses démêlés entre russe et français : « Mais j’ai déjà une langue. Qu’est-ce qui lui arrivera ? » Sa bouche devient astringente, la langue lui « gratte » : « c’est un trop plein de russe resté coincé pendant la maternelchik ou bien c’est le français qui s’installe et se met à l’expulser ? ». Tenir sa langue, promesse tenue.