Si l’expression bien connue voulait remettre l’église au milieu du village, le premier roman de Diaty Diallo place la pyramide au centre du quartier, parmi les tours entourant une esplanade dont toute ressemblance avec la place des Fêtes dans le 19e arrondissement de Paris ne saurait être fortuite.
À la fois œuvre d’art, palimpseste des luttes, sortie de parking, point de repère pour les habitants, elle redevient, après le meurtre d’un jeune garçon arabe par un policier, ce tombeau monumental, ce vestige d’un empire disparu, cette voie de passage entre le monde des morts et celui des vivants – et la « place des fêtes » recouvre alors son usage éponyme lors d’une cérémonie de deuil impossible : un « repas partagé » aux saveurs d’émeute et de free party.
Roman urbain, Deux secondes d’air qui brûle l’est, en ce qu’il propose une cartographie des espaces de la ville, des sous-sols aux toits, en passant par les friches. Territoire symbolique tout autant qu’opérationnel, théâtre des opérations policières, terrain de jeux des urbanistes et champ de batailles d’une guerre tout à la fois de positions et d’occupation, l’espace public est rendu à sa pleine dimension politique – et aux enjeux tactiques que certaines catégories de population doivent mettre en œuvre pour simplement avoir le droit d’y exister…