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Ouvrir la parenthèse : un parcours de lecture avec Philippe Jaenada
Étape #2, Les dossiers d’instruction et ce qu’ils nous enseignent
Rencontre avec Philippe Jaenada
illu-programme-2025
Illustration : Jérémy Perrodeau

Pourquoi ou comment Philippe Jaenada s’est-il finalement retrouvé à émailler de ses parenthèses et digressions les histoires sombres de la rubrique des faits divers ?
Sulak, publié en 2013 et consacré à cette figure du grand banditisme ayant marqué les esprits par l'audace de ses casses et de ses évasions, ne sera en effet pas un one-shot. Il inaugurera une nouvelle partie de l’œuvre en étant suivi, en 2015, par La Petite femelle sur le cas Pauline Dubuisson – coupable, certes, mais aussi victime du patriarcat, La Serpe, en 2017, sur le triple homicide non élucidé dont fut accusé le futur auteur du Salaire de la peur – pour lequel Philippe Jaenada recevra le prix Femina –, et, tout dernièrement, par La Désinvolture est une bien belle chose (2024).

« Philippe Jaenada reprend l’enquête » aurait pu titrer un journal. Le romancier rouvre en effet depuis plus de dix ans le dossier de certains cold-case et instille son univers de loosers généreux aimant le whisky autant que l’amour dans la trame des récits de vies brisées et de figures marginales. Avec une obsession pour les détails et devenu sur le tard un rat de bibliothèque capable de s’immerger des années durant dans les archives publiques ou privées, l’auteur du Printemps des monstres (sur l’affaire Lucien Léger) questionne les apparences trompeuses et révèle les injustices, éclairant les années cinquante et soixante d’une lumière nouvelle, sans se départir de son humour et avec empathie.

Rencontre animée par Arno Bertina, écrivain et conseiller littéraire du festival

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« Si j’avais su que ça finirait de la sorte… »

Cette phrase, vous la trouverez souvent sous la plume de Philippe Jaenada. Une page sur deux est ainsi marquée du sceau des regrets. Car dans ses romans autobiographiques comme dans ses livres faisant revivre des figures de la seconde moitié du vingtième siècle, elles sont partout, les mésaventures et les mauvaises rencontres – celles qui vous mettent le cœur à l’envers, par exemple, ou celles qui vous amènent à passer 48h dans un commissariat pour une agression que vous n’avez évidemment pas commise. Mais chez lui le regret n’est jamais de l’amertume. Contrebalancé par une ironie mordante, le « si j’avais su… », c’est le doigt que l’on met dans l’engrenage narratif, le choix anodin entraînant des conséquences disproportionnées, le point de bascule où les situations banales dérapent en récits rocambolesques.

Une page sur deux, donc – le reste du temps, les doubles de Philippe Jaenada se servent un whisky, et un autre, et un troisième. Pour fêter l’amour avec humour, la mélancolie, et profiter de Paris la nuit. Que la joie jaillisse de l’imagination de l’auteur ou des archives de la police, cela importe peu ; seul compte le fait de se sentir vivant en le lisant –  et en l'accompagnant pour ces trois escales en « bibliotourbus » dans les bibliothèques de Seine-Saint-Denis ! Laissez-vous guider sur les méandres d’une œuvre qui s’écrit depuis trente ans de digressions en digressions, dans cet espace de liberté qu'ouvrent les parenthèses…

 

Parcours en navette sur réservation obligatoire
sur le site Hello Asso de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis

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Rendez-vous à 13h15 devant la Gare du Nord
Au pied de la statue Angel Bear, l’ours ailé rouge de Richard Texier

Réserver vos places
À lire
Philippe Jaenada, Sulak, Julliard, 2013
Philippe Jaenada, La Petite Femelle, Julliard, 2015
Philippe Jaenada, La Serpe, Julliard, 2017
Philippe Jaenada, Au printemps des monstres, Mialet Barrault, 2021
Philippe Jaenada, Sans preuve et sans aveu, Mialet Barrault, 2022
Philippe Jaenada

Né deux ans après la fin de la guerre d’Algérie, Philippe Jaenada aurait pu grandir sur le continent africain mais un goût irrépressible pour l’aventure lui fera choisir Morsang-sur-Orge, en Île-de-France. Parisien à compter de 1986, il enchaîne les petits boulots et commence à écrire. À compter du Chameau sauvage, publié en 1997, il va faire paraître sept romans d’inspiration autobiographique avant de changer de manière en 2013, avec Sulak qui déroule la vie d’un célèbre braqueur des années 70 et 80. Suivront d’autres livres de la même veine, qui vont lui permettre – vive le prix Femina ! – de ne plus écrire pour Voici. Sa légende dit qu’il a ses habitudes au Bistrot Lafayette, dans le dixième arrondissement, mais il se dit qu’il aurait déménagé et choisi un nouveau bar où poser son fameux sac de matelot.