Pourquoi ou comment Philippe Jaenada s’est-il finalement retrouvé à émailler de ses parenthèses et digressions les histoires sombres de la rubrique des faits divers ?
Sulak, publié en 2013 et consacré à cette figure du grand banditisme ayant marqué les esprits par l'audace de ses casses et de ses évasions, ne sera en effet pas un one-shot. Il inaugurera une nouvelle partie de l’œuvre en étant suivi, en 2015, par La Petite femelle sur le cas Pauline Dubuisson – coupable, certes, mais aussi victime du patriarcat, La Serpe, en 2017, sur le triple homicide non élucidé dont fut accusé le futur auteur du Salaire de la peur – pour lequel Philippe Jaenada recevra le prix Femina –, et, tout dernièrement, par La Désinvolture est une bien belle chose (2024).
« Philippe Jaenada reprend l’enquête » aurait pu titrer un journal. Le romancier rouvre en effet depuis plus de dix ans le dossier de certains cold-case et instille son univers de loosers généreux aimant le whisky autant que l’amour dans la trame des récits de vies brisées et de figures marginales. Avec une obsession pour les détails et devenu sur le tard un rat de bibliothèque capable de s’immerger des années durant dans les archives publiques ou privées, l’auteur du Printemps des monstres (sur l’affaire Lucien Léger) questionne les apparences trompeuses et révèle les injustices, éclairant les années cinquante et soixante d’une lumière nouvelle, sans se départir de son humour et avec empathie.
Rencontre animée par Arno Bertina, écrivain et conseiller littéraire du festival
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« Si j’avais su que ça finirait de la sorte… »
Cette phrase, vous la trouverez souvent sous la plume de Philippe Jaenada. Une page sur deux est ainsi marquée du sceau des regrets. Car dans ses romans autobiographiques comme dans ses livres faisant revivre des figures de la seconde moitié du vingtième siècle, elles sont partout, les mésaventures et les mauvaises rencontres – celles qui vous mettent le cœur à l’envers, par exemple, ou celles qui vous amènent à passer 48h dans un commissariat pour une agression que vous n’avez évidemment pas commise. Mais chez lui le regret n’est jamais de l’amertume. Contrebalancé par une ironie mordante, le « si j’avais su… », c’est le doigt que l’on met dans l’engrenage narratif, le choix anodin entraînant des conséquences disproportionnées, le point de bascule où les situations banales dérapent en récits rocambolesques.
Une page sur deux, donc – le reste du temps, les doubles de Philippe Jaenada se servent un whisky, et un autre, et un troisième. Pour fêter l’amour avec humour, la mélancolie, et profiter de Paris la nuit. Que la joie jaillisse de l’imagination de l’auteur ou des archives de la police, cela importe peu ; seul compte le fait de se sentir vivant en le lisant – et en l'accompagnant pour ces trois escales en « bibliotourbus » dans les bibliothèques de Seine-Saint-Denis ! Laissez-vous guider sur les méandres d’une œuvre qui s’écrit depuis trente ans de digressions en digressions, dans cet espace de liberté qu'ouvrent les parenthèses…
Parcours en navette sur réservation obligatoire
sur le site Hello Asso de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis
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Rendez-vous à 13h15 devant la Gare du Nord
Au pied de la statue Angel Bear, l’ours ailé rouge de Richard Texier