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Ouvrir la parenthèse : un parcours de lecture avec Philippe Jaenada
Étape #1, Faire le tour de soi-même n’est pas tourner en rond
Rencontre avec Philippe Jaenada
illu-programme-2025
Illustration : Jérémy Perrodeau

Auteur de sept romans publiés entre 1997 et 2011, Philippe Jaenada a très tôt imposé un style désinvolte et rigolard, mélancolique et heureux. Ses intrigues ne mènent nulle part, comme souvent la vie elle-même, ses personnages ont tous des identités très improbables – avez-vous déjà échangé avec une « Pollux Lesiak » (Le Chameau sauvage) ? Avec un « Voltaire » qui aurait épousé une certaine « Oum » (Plage de Manaccora, 16 h 30) ? Avec un « Titus » et une « Olive » (Néfertiti dans un champ de canne à sucre) ? Ou même avec un « Philippe Jaenada » (La Grande à bouche molle) ? 

Mais ces « défauts de fabrication » – narrations qui déraillent, personnages délirants – sont en fait des qualités. Philippe Jaenada s’appliquant à faire de ses aventures la matière d’une autofiction où le mot « fiction » aurait toute sa place. Loin des sirènes du narcissisme et de celle de la vindicte, il cherchait autre chose, dans ses premiers romans. Mais quoi, précisément ?
 

Rencontre animée par Arno Bertina, écrivain et conseiller littéraire du festival

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« Si j’avais su que ça finirait de la sorte… »

Cette phrase, vous la trouverez souvent sous la plume de Philippe Jaenada. Une page sur deux est ainsi marquée du sceau des regrets. Car dans ses romans autobiographiques comme dans ses livres faisant revivre des figures de la seconde moitié du vingtième siècle, elles sont partout, les mésaventures et les mauvaises rencontres – celles qui vous mettent le cœur à l’envers, par exemple, ou celles qui vous amènent à passer 48h dans un commissariat pour une agression que vous n’avez évidemment pas commise. Mais chez lui le regret n’est jamais de l’amertume. Contrebalancé par une ironie mordante, le « si j’avais su… », c’est le doigt que l’on met dans l’engrenage narratif, le choix anodin entraînant des conséquences disproportionnées, le point de bascule où les situations banales dérapent en récits rocambolesques.

Une page sur deux, donc – le reste du temps, les doubles de Philippe Jaenada se servent un whisky, et un autre, et un troisième. Pour fêter l’amour avec humour, la mélancolie, et profiter de Paris la nuit. Que la joie jaillisse de l’imagination de l’auteur ou des archives de la police, cela importe peu ; seul compte le fait de se sentir vivant en le lisant –  et en l'accompagnant pour ces trois escales en « bibliotourbus » dans les bibliothèques de Seine-Saint-Denis ! Laissez-vous guider sur les méandres d’une œuvre qui s’écrit depuis trente ans de digressions en digressions, dans cet espace de liberté qu'ouvrent les parenthèses…

Parcours en navette sur réservation obligatoire
sur le site Hello Asso de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis

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Rendez-vous à 13h15 devant la Gare du Nord
Au pied de la statue Angel Bear, l’ours ailé rouge de Richard Texier

À lire
Philippe Jaenada, Le Chameau sauvage, Julliard, 1997
Philippe Jaenada, Néfertiti dans un champ de canne à sucre, Julliard, 1999
Philippe Jaenada, La Grande à bouche molle, Julliard, 2001
Philippe Jaenada, Le Cosmonaute, Grasset, 2002
Philippe Jaenada, Vie et mort de la jeune fille blonde, Grasset, 2004
Philippe Jaenada, Plage de Manaccora, 16 h 30, Grasset, 2009
Philippe Jaenada, La Femme et l'Ours, Grasset, 2011
Philippe Jaenada

Né deux ans après la fin de la guerre d’Algérie, Philippe Jaenada aurait pu grandir sur le continent africain mais un goût irrépressible pour l’aventure lui fera choisir Morsang-sur-Orge, en Île-de-France. Parisien à compter de 1986, il enchaîne les petits boulots et commence à écrire. À compter du Chameau sauvage, publié en 1997, il va faire paraître sept romans d’inspiration autobiographique avant de changer de manière en 2013, avec Sulak qui déroule la vie d’un célèbre braqueur des années 70 et 80. Suivront d’autres livres de la même veine, qui vont lui permettre – vive le prix Femina ! – de ne plus écrire pour Voici. Sa légende dit qu’il a ses habitudes au Bistrot Lafayette, dans le dixième arrondissement, mais il se dit qu’il aurait déménagé et choisi un nouveau bar où poser son fameux sac de matelot.