Dans Archipels, Hélène Gaudy entreprend une quête personnelle et réflexive, mêlant souvenirs familiaux, exploration historique et méditation sur l'effacement. Au centre de ce récit, une île : Jean Charles, perdue dans le delta du Mississippi, portant le nom du père de l’autrice et, alors que la santé de ce dernier décline, vouée elle aussi à disparaître sous les eaux en raison du réchauffement climatique. Frappée par la coïncidence de cette homonymie, ce lieu tangible et symbolique devient la métaphore d’une mémoire en péril, où chaque fragment de vie menace de s’effacer.
Loin d’être une simple reconstitution biographique, Archipels est une tentative de donner une forme littéraire aux contours flous de la mémoire, aux silences qui la dessinent, où chaque souvenir arraché à l’oubli forme un archipel de secrets. À partir de carnets, de photographies et d’objets glanés, Hélène Gaudy recompose des récits entrelacés : la résistance familiale, les méandres de l’Algérie coloniale, les absences et présences d’un père discret - et cette énigmatique transmission silencieuse qui définit les relations intergénérationnelles, embrassant la complexité et les contradictions qui constituent fatalement le legs d’une existence.