Creusant chronologiquement la veine autobiographique de Banana girl, Kei Lam, devenue désormais adolescente dans Les Saveurs du béton, nous emmène au quartier de la Noue à Bagnolet - où, après avoir vécu plusieurs années dans la promiscuité des chambres de bonne parisiennes, ses parents ont déménagé.
Alors qu'elle entre au collège et assiste de plus en plus ses parents dans leurs démarches administratives, elle découvre le multiculturalisme de la Seine-Saint-Denis à travers son cercle amical qui s'élargit, mais également la violence sourde et glaçante de l'administration française.
Toujours aussi tendre, drôle et passionnant que le premier, la profondeur de ce deuxième opus est encore accrue par une mise en abyme où l'on voit Kei adulte dialoguer en personne avec elle-même enfant, mais également par la formation d’ingénieure en urbanisme de l'autrice, qu’elle a parfaitement su réinvestir. Montrant les conséquences de l’aménagement urbain sur les formes de vie collective et la matérialisation des fractures sociales dans la population d’une ville, elle donne une véritable hauteur de vue au regard qu'elle pose sur son expérience personnelle.